Ce qu’il faut retenir de Lendit, par Patrick de Nonneville, COO de Lendix

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Les 10 et 11 octobre, j’ai participé à Lendit, l’évènement de référence des plateformes de prêt. La conférence a lieu dans trois endroits différents au cours de l’année : aux Etats-Unis, en Chine et en Europe – plus précisément à Londres, où sont nées les places de marché en 2004.

C’est donc avec 900 personnes (y compris mon collègue Pascal Ouvrard, directeur du développement international de Lendix) venues du monde entier sur les bords de la Tamise, plus nombreuses que l’an dernier encore (nous étions 700), que j’ai pu prendre le pouls du secteur, rencontrer les acteurs principaux de l’industrie et prendre part à de nombreuses présentations et tables-rondes rassemblant les plateformes, leurs fournisseurs, leurs investisseurs et des régulateurs. Plutôt que de décrire la conférence par le menu (vous pouvez en trouver un résumé ici), je préfère partager les trois points clés qui en sont ressortis selon moi.

1 – Le secteur entre dans l’âge de raison

Deux aspects de la conférence illustrent ce point. Premièrement, même si le nombre de participants était en forte hausse, les plateformes ont clairement adapté leur présence à leurs besoins ; il y avait moins de stands et ils étaient moins grandioses que l’an dernier (deux plateformes anglaises mises à part). Deuxièmement, le ton des présentations était beaucoup plus concentré sur des objectifs tangibles, principalement la profitabilité, que sur des objectifs fumeux à 20 ans. Certes, ceci est moins excitant que d’annoncer des milliards de dollars de prêts futurs (voir l’accueil un peu froid du public à l’annonce remarquable du CEO de Zopa, Jaidev Janardana, sur l’équilibre financier atteint par sa plateforme), mais il est très rassurant que les leaders du secteur atteignent cette étape.

2 – La proposition de valeur des plateformes est de plus en plus claire

Trois présentations (par le CEO de Funding Circle Samir Desai, le CEO d’Altfi Data Rupert Taylor et Cormac McLeech le gérant du fonds Victory Park Capital) ont mis à plat les différents modèles de plateformes et en ont extrait trois éléments clés. D’abord, si vous prêtez sur votre propre bilan, vous n’êtes pas une plateforme mais une banque et vous allez finir par être régulé comme tel. Ensuite, la transparence à l’âge digital est un outil de confiance bien plus puissant qu’à l’époque où les documents papier de milliers de pages étaient les seuls outils des investisseurs. Enfin, malgré cela, le secteur doit être surveillé activement pour assurer qu’il joue bien le jeu. Cette surveillance vient des régulateurs, des investisseurs institutionnels et éventuellement des assureurs qui couvrent le risque des plateformes.

3 – Les régulateurs et les banques suivent le secteur de très près

Il y avait de nombreux banquiers à la conférence, cependant ce n’était pas comme en Europe continentale des membres du Comex venus passer la journée au zoo, mais des professionnels à la recherche de business. Après tout, un des grands rôles joués par les banques est de trouver des actifs et de les transformer, et les places de marché sont une nouvelle source d’actifs. Ceci comporte cependant des risques importants, du même type que ceux qui ont joué un rôle funeste dans la crise de 2008, comme l’a fait remarquer Lord Adair Turner. L’ancien président de la Financial Conduct Authority, l’AMF britannique, avait créé un mini-scandale en déclarant début 2016 que « Les pertes futures des crowdlenders allaient réussir à faire passer les banquiers pour des génies ». Il a eu le courage d’admettre, après en avoir appris plus sur le secteur, que le modèle des places de marché a un grand avenir devant lui. Cependant il a encouragé les plateformes à « keep it simple, keep it transparent ». Voilà qui fait une belle devise pour l’industrie.

Voir l’intégralité de la table-ronde « Opportunities in France »