Mercredi 13 octobre dernier, s’est tenue au Shangri-La Hôtel à Paris, une table-ronde organisée par October en partenariat avec le Wine & Business Club. La conférence, animée par le président du club Alain Marty, abordait le thème « TPE/PME : À la reconquête de leur liberté financière ».
Un débat avec Messieurs Eric Woerth, Député – Maire de Chantilly et Ancien Ministre, Jean-Philippe Cartier, Fondateur du groupe hôtelier H8 Collection et Olivier Goy, Fondateur et Président d’October.
Petit verbatim…
Eric Woerth, Député – Maire de Chantilly et Ancien Ministre
« On trouve beaucoup plus facilement des financements en France aujourd’hui, mais c’est vrai que parfois les entrepreneurs sont obligés d’aller chercher à l’étranger. »
« La BPI s’est installée dans le paysage français mais joue encore un rôle de banque conventionnelle, il faut aller plus loin. »
« Il faut créer en France un environnement favorable au développement des entreprises et tout d’abord un environnement fiscal. »
« Pour permettre aux fintech françaises de se développer, il faut réguler et développer les outils numériques nécessaires pour que la France ne soit pas à la traîne. Aujourd’hui, on a du retard. »
« La campagne électorale va se baser sur la capacité des uns et des autres à incarner une autorité, à définir les besoin de notre pays. »
« À Chantilly, oui bien sûr il y a beaucoup de PME et elles aussi ressentent bien que ce que disent les banques ne sont pas ce qu’elles vivent sur le terrain. »
« Sur le plan fiscal, nous allons proposer de supprimer l’ISF et donc supprimer de fait l’ISF PME. Il faut cependant développer la capacité à financer les start-ups et donc pouvoir déduire de l’impôt sur le revenu ce que vous avez investi dans une start-up de manière beaucoup plus forte qu’aujourd’hui. Les Anglais ont un mécanisme très efficace dans ce domaine. »
Jean-Philippe Cartier, Fondateur du groupe hôtelier H8 Collection
« October est un concept très brillant, H8 Collection en est à son troisième prêt sur la plate-forme, le quatrième est en cours. C’est quasiment devenu un outil avec lequel nous fonctionnons de manière évidente. Je pense que l’on est au début d’une vraie révolution, le concept devient addictif. »
« C’est un vrai complément bancaire d’une rapidité exemplaire pour une réelle création de valeur (ndlr : H8 Collection a notamment financé des chambres d’hôtel supplémentaires, une école de cuisine, un spa, etc.). Il nous a fallu 8 ou 9 jours pour recevoir les fonds, pour au final seulement quelques milliers d’euros de coûts de différence avec un prêt bancaire. »
« Le numérique est un enjeu clé pour les hôteliers. »
« Pour October, le digital fait beaucoup de choses mais derrière il y a un métier traditionnel qui est de scorer, analyser les projets et les financer. Chez H8 Collection nous faisons pareil avec nos hôtels, aujourd’hui le numérique est un moyen de gagner du temps. Sur 8 hôtels à gérer, le digital c’est 3 personnes à plein temps, ça résume beaucoup de choses. Chaque hôtel à son Facebook, chaque hôtel à son Instagram… »
« Si on se compare avec les Etats-Unis, nous sommes en retard c’est une évidence, mais je pense que l’on est très bon en France en digital. »
Olivier Goy, Fondateur et Président d’October
« La France a une vraie avance par rapport au reste de l’Europe continentale en matière de digital. Si on peut légitimement complexer quand on se compare à la Silicon Valley, c’est en allant en Espagne ou en Italie que l’on mesure les progrès que nous avons fait depuis 10 ans en la matière. »
« Un point sur lequel on est très faible en France c’est la fiscalité et le coût du travail. En Espagne, quelque soit le salaire que vous payez à quelqu’un, le maximum de charges sociales que vous payez est de 14 400 €. Ça interpelle. »
« Les politiques ont une oreille attentive à la fintech, il y a un vrai intérêt. Globalement, on a une loi (sur les plateformes de prêt) qui fonctionne et on l’a eue avant les autres. Cependant, il y a encore plein de choses à faire, notamment sur la fiscalité du prêteur. »
« Quand les entrepreneurs étrangers s’intéressent à la France, ils voient bien notre savoir-faire en matière technologique, cette volonté du politique et du régulateur à faire avancer vite les choses. C’est lorsqu’ils regardent la case fiscalité qu’ils commencent à tousser. »
« Il y a eu plusieurs phases dans notre relation avec les banques :
- Une phase de grand scepticisme et d’ignorance
- Une phase de curiosité naturelle où l’on a beaucoup été sollicité pour se rencontrer
- Et aujourd’hui une phase de meilleure compréhension de notre business. Elles comprennent la complémentarité et ne nous voient plus comme de simples concurrents. Les banques voient notamment les partenariats mis en place entre banques et fintech aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni. Elles comprennent que ce que l’on finance n’est pas ce qu’elles financent : on finance les mêmes entreprises mais sur des besoins qu’elles servent mal. »
« Quand vous ouvrez un monopole, vous avez plein de monde sur la ligne de départ. Dans notre marché, en octobre 2014, il y avait 60 plateformes. La réalité aujourd’hui : depuis le début de l’année 2016, il y en a seulement 14 qui ont prêté, 15 qui ont été radiées pour absence d’assurance professionnelle, et sur les 14 qui ont prêté, à nous seuls on a financé environ 55% du marché. Le marché se concentre très vite. Cela paraît simple mais il faut beaucoup de ressources humaines et financières. »
« Est-ce qu’October sera un des grands gagnants ? Cela serait très présomptueux de le dire aujourd’hui, on fait tout pour et nous savons que la route est encore longue. »