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Les CEOs d’October : Olivier Goy, CEO & Fondateur d’October

Pour notre série « Les CEOs d’October », nous avons fait le tour de l’Europe avec nos CEOs, Luuc Mannaerts, CEO d’October Pays-Bas, Thorsten Seeger, CEO d’October Allemagne, Grégoire de Lestapis, CEO d’October Espagne et Sergio Zocchi, CEO d’October Italie. Aujourd’hui retour en France pour l’interview d’Olivier Goy CEO et Fondateur d’October. Entrepreneuriat, financement et technologie … Olivier vous raconte son parcours, ses valeurs et ses ambitions pour l’avenir, 7 ans après le lancement d’October.

Parlez-nous de votre parcours : quelles études avez-vous faites et quelle est votre expérience professionnelle ?

J’ai toujours été un entrepreneur et j’ai toujours travaillé dans le secteur financier. J’ai créé deux sociétés, la première, 123 Investment Managers, un fonds de capital-investissement destiné aux investisseurs particuliers. Et ensuite, j’ai créé October. Cela fait maintenant 7 ans. Je suis donc un entrepreneur depuis 21 ans !

En ce qui concerne mes études, c’est tellement loin… La seule chose dont je me souvienne, c’est l’énorme influence que HEC Montréal a eue sur moi. Au cours de cette année, j’ai découvert deux choses essentielles, la première étant le capital-risque et la suivante… Internet. Le fait d’apprendre énormément sur le capital-risque et Internet a eu une grande influence sur mes deux entreprises.

Vous avez lancé October en France, il y a déjà 7 ans. Pouvez-vous nous apprendre un peu plus sur le paysage financier de votre pays, à cette époque et aujourd’hui, ainsi que sur les défis et les opportunités qui en découlent ?

October existe depuis 7 ans grâce à une nouvelle loi qui a ouvert une brèche dans le monopole bancaire. L’idée était de proposer aux entrepreneurs plus de possibilités de financements. En 2014, il n’était pas facile pour les entrepreneurs d’obtenir un financement, surtout auprès des banques. Bien sûr, les choses ont beaucoup changé suite à la pandémie.

L’idée était de commencer directement au niveau européen. Actuellement, nous sommes présents dans 5 pays. Notre mission était de créer une entreprise avec un ADN européen très fort. Lorsque nous avons commencé, nous avons trouvé beaucoup de similarité entre ces 5 pays : les PME italiennes, néerlandaises ou françaises se sont pas si différentes finalement ! Mais en réalité, après la crise, nous avons fait face à des scénarios très différents. Par exemple, les prêts garantis par l’État en France et en Italie ont été très faciles d’accès pour les PME. Mais il a été beaucoup plus difficile d’obtenir un prêt garanti par l’État aux Pays-Bas, sans compter l’Espagne où c’est encore plus complexe.

Pour résumer, nous avons commencé avec cinq pays similaires, mais ces cinq pays ont désormais des contextes très variés. Si vous considérez les choses d’un point de vue entrepreneurial, il est plus judicieux de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

Quels sont vos objectifs cette année pour October ? Quelles seront vos priorités ?

Au niveau européen, nous avons eu un très bon démarrage d’année 2021. Nous avons vu une hausse de 70% des revenus par rapport à 2020, et de 50% par rapport à 2019. 2021 est la plus forte année en termes de prêts. En plus de cela, nous ne vendons pas seulement des prêts, nous proposons désormais notre technologie aux banques, Assets Managers etc… Nous avons nommé cette activité October Connect. Nous connaissons une croissance très forte sur ce segment. Ce que nous avions anticipé comme une année difficile s’est avérée être la meilleure année d’October.

À quelle valeur d’October vous identifiez-vous le plus ?

La transparence forcément. Facile à dire mais difficile à faire, surtout quand on passe par des moments difficiles. Et nous l’avons prouvé à plusieurs reprises.

Lors de notre première fraude, il y a environ 5 ans, nous avons perdu 500 000 € en une seule journée. Face à une telle nouvelle, comment réagir ? Notre réaction a été d’être totalement transparents. C’était très difficile, car les retours de nos clients ont été plutôt négatifs. Mais après la bataille, nous avons récupéré tout notre argent, nous avons mis l’emprunteur en prison, et cela a été très bien perçu par nos clients.

C’est ainsi que la culture October s’est créée. Le fait de traverser ensemble une telle épreuve a ouvert de nouvelles opportunités pour l’avenir. C’est pour cette raison que je tiens vraiment à la valeur de la transparence et nous n’avons cessé de l’appliquer au cours de notre aventure, en expliquant ouvertement au monde nos difficultés. Je le fais moi-même, en expliquant ma propre maladie et en parlant de mon combat contre la SLA.

Quelques mots sur votre projet préféré ?

Je garderai toujours en mémoire l’émotion de la mise en ligne du premier projet. C’était un projet très connu : celui d’Alain Ducasse, probablement le chef le plus célèbre de France, voire du monde. Nous étions tellement fiers qu’il emprunte de l’argent sur la plateforme October, c’était un grand moment. Mais en tant qu’entrepreneur, c’est souvent le prochain projet que je préfère !  Nous allons dévoiler cette semaine un grand projet avec Bpifrance. Il s’agit de vendre notre technologie à cette grande institution. C’est l’exemple parfait de notre changement d’une simple société de prêt à une entreprise technologique.

Nous sommes de bons prêteurs parce que nous sommes une entreprise technologique, et nous sommes une bonne entreprise technologique parce que nous sommes prêteurs.

Nous ne sommes pas en train d’inventer des fonctionnalités dans les bureaux mais plutôt sur le terrain en prêtant réellement aux entreprises et en améliorant notre produit October.

En regardant le bilan des 7 ans d’October, de quoi êtes-vous le plus fier ?

Dès le début, nous avons réalisé que le succès d’October reposait sur trois grands piliers. Je suis fier de voir que 7 ans plus tard, ces trois piliers sont toujours tout aussi importants pour October à savoir : l’Europe, un financement associant investisseurs institutionnels et particuliers et la technologie.

  • Le premier pilier est d’être un acteur européen : le fait que nous ayons ouvert des bureaux dans cinq pays est essentiel pour nous aujourd’hui.
  • Le deuxième pilier consiste à se concentrer non seulement sur les investisseurs particuliers mais aussi sur les investisseurs institutionnels. C’était notre intention dès le départ et aujourd’hui, nous sommes en mesure de nous développer aussi rapidement grâce à ce mélange unique de prêteurs particuliers et institutionnels.
  • Le troisième et dernier pilier consiste à faire de la technologie et des données un atout décisif. Le fort focus sur la technologie nous a permis de lancer October Connect et nous aide aujourd’hui à devenir un meilleur organisme de prêt. C’était un investissement majeur, et parfois peu rentable, au cours des premières années. Mais aujourd’hui, nous sommes là où nous sommes et cela a porté ses fruits.

Comme tout le monde le sait chez October, vous êtes passionné de photographie et vous êtes le fondateur de la fondation Photo4Food. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette fondation ?

La fondation photo4food est un projet créé par ma femme et moi. Il s’agit d’une fondation privée hébergée par l’Institut de France, une société française regroupant les cinq Académies dont l’Académie française et l’Académie des Beaux-Arts. L’idée de cette fondation est de lutter contre la pauvreté, grâce à la vente de photographies offertes par des artistes très généreux. D’un autre côté, la fondation essaie d’organiser des expositions et des événements pour promouvoir ses photographes talentueux. C’est un deal gagnant-gagnant. Nous aidons les personnes qui luttent contre la pauvreté et nous aidons les photographes à profiter du parcours. Et nous avons eu de très bons résultats, nous avons déjà livré des centaines de milliers de repas. Par exemple, le lundi, le mercredi et le vendredi, la rue près du bureau d’October à Paris est fermée et nous servons des centaines de repas par jour, toute l’année, et la fondation paie les repas et le transport pour collecter la nourriture dans le quartier. C’est un travail à temps plein pour ma femme. Elle a décidé de quitter son poste de directrice financière pour se consacrer entièrement à la fondation, qui est un projet familial.

La fondation est active en France pour lutter contre la pauvreté. Quand on veut lutter contre quelque chose, il faut être sur le terrain. Malheureusement, nous ne pouvons pas nous battre au niveau mondial, alors nous nous concentrons sur la France. Mais c’est aussi grâce au soutien de photographes internationaux venant du Canada, des Pays-Bas, d’Italie ou de France.